Des trains, des frontières

Dernier train avant la Chine, dernier parfum de Transsibérien : des wagons mongols avec tout le confort moderne.

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Y compris une douche dans chaque wagon, même pas testée pour un simple trajet de 30 heures. Je deviens de plus en plus sale blasée.) L’étalage de produits ménagers à l’entrée est engageant pourtant.

Je partage mon compartiment avec la pétillante Melissa, Finlandaise qui aime le jardinage, la fiesta et les voyages, et une Mongole montée sur ressorts qui nous joue au moins 50 fois sur son téléphone portable la dernière love song à la mode (j’ai commencé par dire que je trouvais ça joli, mauvaise idée).

Depuis Oulan-Oude et son mélange de visages asiatiques, européens et de langue russe, je me sens un peu déphasée : « Comment donc suis-je arrivée ici ?? ». Je me remémore les étapes, la stupeur reste intacte. Peut-être à cause de l’habitude moderne d’arriver en terre exotique par avion. Et de la fausse familliarité d’un (long) voyage en train qui cette fois-ci m’a transportée au bout du monde. Pourtant, prendre le train et passer doucement de pays en pays, de fuseau horaire en fuseau horaire, quoi de plus naturel ? 

A la frontière, des heures bien sûr à nouveau, mais cette fois une bonne raison : l’écartement des rails est différent en Mongolie et en Chine, il faut changer les bogies. Nous sommes consignés à bord pendant que chaque wagon est séparé et surélevé sous la surveillance d’une brochette de militaires.

On est privés de wagon-restaurant et pour une fois j’ai oublié le pique-nique, zut ! Reste plus qu’à savourer la soupe instantanée russe qui traine dans mon sac. Et la drôle d’ambiance : coups sourds sous le train, militaires, wagons plongés dans l’obscurité. Ca sent l’intrigue d’espionnage, je pense à mon Hitchcock préféré Une femme disparait.

Le paysage est splendide… et impossible à prendre en photo : il faudra venir voir ça par vous-même ! En Mongolie, un paysage lunaire de collines et de prairie rase saupoudrées de neige, avec ici ou là un cavalier solitaire, un village, 2 chevaux serrés l’un contre l’autre, des échassiers gris si fins qu’on dirait du fil de fer… Je squatte des heures le wagon-restaurant désert.

En Chine, le train serpente entre des montagnes vertes, des usines et des champs riches et bien tenus – mais de la Grande Muraille annoncée, point. Il semble que l’itinéraire ait changé – ou alors on était trop excités par la perspective de l’arrivée ? Au milieu de tous ces touristes étrangers comme ces 14 papys-mamys australiens rigolos qui n’aiment pas le petit-déjeuner chinois (le voyage en Chine s’annonce difficile), je suis enfin pressée d’arriver.